NICHAN
En partant du bassin minier du nord de la France où il ne reste que des vestiges industriels classés aujourd’hui au patrimoine mondial de l’UNESCO, en passant par Marseille carrefour des rencontres des civilisations de la Méditerranée pour arriver à Marrakech au Maroc, nous parcourons en sens inverse une partie des routes migratoires du siècle denier.
Sur cette route, on croise retraités qui partent vers de soleil du midi ou du Maghreb, marocains qui visitent leur famille restée au « bled » à l’occasion d’une fête pour se ressourcer dans leur culture d’origine, on ne peut s’empêcher de penser à tous ceux qui ont un jour fait le chemin inverse, que l’on a obligé à participer à des conflits mondiaux qui n’étaient pas les leurs ou à apporter leur force de travail au développement économique des pays du Nord.
Sur cette route est né Nichan.
Nichan veut dire « droit » en arabe dialectale.
Nichan est un voyage photographique dans l’espace temps des migrations et des différences culturelles entre le nord et le sud, entre le sud et le nord, entre migrations économiques et de loisirs, entre découverte de ses semblables, de la richesse des différences culturelles tellement caractéristique et complémentaire à la profonde unicité de la nature humaine.
Nichan comme le chemin qu’ont empruntés les 60000 travailleurs marocains pour venir travailler dans les mines du Nord Pas de Calais et de l’est.
Nichan comme celui qu’empruntent les retraités des pays du nord pour trouver le soleil au sud et qui en reviennent souvent déçus.
Nichan comme celui dont rêvent les jeunes des pays du sud en pensant à une meilleure vie,
Nichan comme celui du respect des droits pour les réfugiés.
Nichan comme la traversée qu’ont fait un jour ces tirailleurs marocains que l’on a envoyés combattre dans les tranchées de la Première Guerre mondiale dans le nord de la France ou participer à la reconquête de notre territoire dans la Seconde.
Derrière ce mot c’est la direction que porte le regard vers un autre que l’on espère meilleur.
Puissent ces souvenirs et ces espoirs ne pas être déçus.
Gilbert Vasseur